Inventaire entomologique du Limousin

Atlas des fourmis de Corrèze

Contexte

En association avec le myrmécologue belge Philippe Wegnez, la SEL publie cette année l’Atlas des fourmis de Corrèze, une publication inédite pour la région.

Il faut pourtant savoir que les premières études sur les fourmis, qui datent de la fin du XVIIIe siècle, ont été réalisées en Corrèze même, dans les environs de Brive-la-Gaillarde, par Pierre-André Latreille, illustre entomologiste, descripteur de nombreuses espèces d’insectes, dont une vingtaine d’espèces de fourmis. On apprendra ainsi dans cet Atlas que des espèces comme Aphaenosgaster gibbosa étaient déjà présentes dans le secteur de Brive dans les années 1790.

Le projet s’est déroulé entre 2019 et 2023. Durant cette période, les adhérents de la SEL ont été sollicités pour mener le programme de prospections, avec l’aide du CPIE de la Corrèze. Le territoire considéré étant à l’échelle d’un département seulement, celui-ci a été divisé en mailles de 5 km x 5 km, soit 261 mailles à prospecter !


Résultats

Après ces saisons d’inventaires de terrain, ce sont plus de 5 000 données qui ont été collectées, pour un total de 87 espèces. Ce dernier chiffre est remarquable et témoigne de la grande diversité des milieux de la Corrèze et de son climat, allant du climat semi-montagnard du Plateau de Millevaches au climat plus chaud et sec du Causse corrézien.

Parmi ces espèces, certaines sont très répandues, comme Lasius niger, quand d’autres sont localisées en raison d’une affinité pour un certain type de climat ou de milieu, comme Temnothorax recedens en sud Corrèze, ou Camponotus herculeanus présente uniquement en altitude. Pour certaines, il n’existe qu’une seule mention de présence, par exemple Crematogaster sordidula, espèce méridionale dont une colonie a été trouvée sur le Causse. Citons également Temnothorax niger, autre espèce méridionale découverte près d’un village de vacances et dont on soupçonne une importation accidentelle. Aujourd’hui, il est un fait avéré que les échanges commerciaux et les déplacements inter-régionaux ou internationaux ont beaucoup d’impact sur la dispersion des espèces. Enfin, quelques espèces parasites particulièrement difficiles à détecter n’ont pas échappé à l’œil affûté du spécialiste belge et représentent des découvertes, par exemple Myrmica bibikoffi, Polyergus rufescens ou Strongylognathus testaceus.

Toutes les espèces sont présentées dans cet Atlas au travers d’une monographie illustrée par une photo, puis la description de leurs caractéristiques morphologiques, les critères permettant d’éviter la confusion avec d’autres espèces proches, leur écologie, les périodes d’essaimage, et leur répartition.

L’Atlas aborde également des thématiques diverses sur les relations qu’entretiennent les fourmis avec les différents milieux qu’elles occupent ainsi que certaines difficultés de cohabitation avec les hommes. Dans l’introduction, un grand chapitre est consacré aux méthodes d’inventaires, qui donneront peut-être l’envie à certains d’aller sur le terrain pour les expérimenter et ainsi améliorer et affiner la connaissance, et pourquoi pas faire d’autres découvertes…

Enfin, pour les néophytes, un glossaire et une planche morphologique permettront de se familiariser avec les nombreux termes spécifiques au monde des fourmis.

Ce travail a bénéficié du soutien financier de la DREAL Nouvelle-Aquitaine.